René SENDRA

De ta fille Sylvie,

Bonjour papa, où que tu sois, bonjour.
Que dire en ce jour funeste ? Par où commencer ? Par le début je crois. Par cette vie si romanesque que tu nous contais souvent, quand enfants nous posions tant de questions. Nous voulions, à l’heure du dîner, t’écouter raconter la grande histoire de maman et papa en Algérie, ton pays de naissance.

Tu as vu le jour un 16 octobre 1937 à Marengo (nommée Hadjout aujourd’hui), rien que le nom me faisait rêver. Le livre de l’histoire de nos parents s’ouvrait sur un pays ensoleillé et une mer bleue aux plages et criques interminables : Tipaza, Mostaganem… Alger…

Fermez les yeux, nous y sommes à Alger… Alger la blanche, l’une des perles de la méditerranée. Et je te vois papa, nous te voyons tous dans ce dédale de ruelles de la Casbah avec maman, main dans la main. Vous êtes jeunes, beaux et amoureux. C’est dans cette ville que vous vous êtes rencontrés, vus pour la première fois chez mémé Jeannette avec ce regard étonné, tout neuf, un peu gêné.
L’air est chaud, le soleil au plus haut, au zénith de votre amour naissant. Et au sortir de ce quartier emblématique tu proposes de faire une halte devant l’échoppe du marchant de zlabias au coin de la rue. Je savais de quoi ils étaient faits, avant même de les avoir goûtés, mais ils n’auraient jamais le goût de là-bas.

Nous poursuivons la promenade avec toi, avec vous dans le quartier le plus populaire d’Alger, Bab-el-Oued, au nord-ouest de la Casbah où vivaient et travaillaient dans les carrières au début du 20e siècle, les migrants pauvres de Valence, mais une population largement européenne y vivait aussi : il y avait des Français, des Andalous, des Catalans, des Siciliens, des Napolitains et des Génois. Vous viviez en harmonie avec les gens les plus modestes tout comme avec les algériens
pendant que la belle Hydra, la riche Hydra flamboyait et vous narguait sur les hauteurs de la capitale, au sud du centre-ville, à quelques kilomètres de la mer.


Dès l’enfance, tu adorais déjà la mer, nager et plonger en apnée pour chasser le poisson. C’était ton sport de prédilection avec le foot que tu pratiquais assidûment. Je t’imagine, assis sous ces paillotes de plage dégustant des sardines grillés et autres poissons de la Méditerranée avec ta famille et plus tard maman. Mais, le jour vint où tu fus appelé pour faire la guerre, enrôlé chez les parachutistes. Nous n’en savions pas plus, tu ne nous avais pas donné de détails. Nous regardions les photos de ta section, et toi dans ton uniforme de soldat, jeune, beau et mince comme une gazelle, car tes amis t’appelaient la gazelle des sables parce que tu courrais vite.

Par contre, jamais je n’aurais imaginé que tu faisais partie d’une section spéciale, la treizième de choc avec son emblème qui représente une panthère noire ailée. Nous ne l’avions compris que beaucoup plus tard, adultes. Une vie est faite de mystères et d’aventures surtout quand on a connu une période marquante de l’histoire avec un grand H et tu as fait partie de cette Histoire.
Cela m’a toujours fasciné de m’interroger sur ce que l’être humain ressent dans ces moments-là, de ce qu’il est capable de faire pour rester en vie.

Et un jour, trois balles ont transpercé ton corps juvénile, trois balles qui auraient pu être fatales, mais elles n’avaient atteint aucun organe vital. De son côté maman, contrairement à d’autres jeunes femmes, a accouru à ton chevet à Constantine, bravant les dangers de l’époque en bus, puis en hélicoptère.
J’étais impressionnée, subjuguée par autant d’événements romanesques, je m’efforçais d’imaginer le lieu, l’angoisse du blessé de guerre et sa joie de voir le visage familier de sa bien aimée.

Tu es comme l’oiseau phénix qui renaît de ses cendres… ce n’est donc pas pour rien que tu te nommais ainsi, René Sendra. Ce n’était pas non plus la première fois que tu risquais ta vie.
Puis, vous avez quitté le pays des merveilles dans ce bateau qui s’est éloigné des côtes algéroises pendant que vos yeux incrédules s’emplissaient de larmes. Vous aviez, à ce moment là, comme unique bagage une valise et un bébé que vous serriez dans vos bras.
Ce que vous ne saviez pas encore c’est que la vie vous ferait un autre cadeau, qu’elle vous offrirait un autre paradis, en Espagne cette fois, dans ce lieu magique, cette calanque en tout point jumelle à d’autres lieux d’Algérie qui se nomme la Granadella. Comme nous étions heureux d’y passer toutes nos vacances d’été, tous réunis avec notre famille espagnole !


Aujourd’hui ton corps est là, froid… nous savons tous que la terre va t’avaler bientôt, mais, au fond de moi, j’ose penser que ton âme vagabonde dans les cieux et vole avec les oiseaux. Je sais aussi qu’elle aime plonger dans l’océan, qu’elle nage, sereine, avec les baleines, les dauphins et les petits poissons. Tu n’as jamais su rester immobile, tu as toujours été à l’opposé de l’immobilité de l’arbre. Alors, je comprends pourquoi cette vieillesse te pesait tant, pourquoi tu voulais disparaître...tu es délivré à présent papa. Et nous t’embrassons tous, papa, d’un baiser tendre et franc pour ce dernier voyage vers l’inconnu, ce pays étrange d’où personne ne revient.
Sache que tu resteras pour toujours dans nos coeurs et nos mémoires où que tu sois.

Papa,
Je veux garder entre nous l'instant impératif,
bien souvent imparfait mais au fond si présent.
Préserver entre nous l'instant infinitif
et les moments passifs à titre indicatif.
Souhaiter pour le futur, en mémoire du passé
l'amour plus que parfait sans y participer.
Il y a entre nous un amour imparfait
mais qui vit au présent
subjoncté faute de temps.
Je t'aime papa. Valérie.

Il y a des chemins qui nous mènent
Et dont les pas résonnent tant
Qu'on ne les oublient pas
Il y a dans mon coeur de si délicieux moments, des souvenirs de partage et de joie, des guitares que l'on gratte et des chants
C'est une paella que l'on savoure ensemble, un goût de noisette d'huître de Bretagne, des petits gâteaux de miel et d'amandes
Ce sont des galets que l'on ramène de la plage de la Granadella cachés dans nos valises d'adolescentes
Votre regard noir et votre humour que l'on pouvait craindre parfois mais un coeur généreux et plein d'amour
Oui, il y a des chemins, des chemins qui tristement nous rassemble où nous marchons tout plein de chagrin
Monsieur Sendra vous nous quittez et laisserez un grand vide, reposez en paix
Alors oui nous ne chanterons pas "la Bamba" aujourd'hui et je le regrette bien car cela aurait été un jour plus heureux
Trois petits accords qui m'ont conduit de Lévis Saint Nom jusqu'à la Granadella en Espagne, pays de mon coeur
Trois accords c est trois fois rien et pourtant oh combien de joie
Merci à vous, merci mille fois
Je ne vous oublierai pas
Hélène, amie de votre fille Valérie

Tío Goné
Pronunciar tu nombre es sinónimo de reunión familiar, de la llegada del buen tiempo, del mar …. De un Velero que tengo en mi imaginación…. Que nunca vi… pero tiene una imagen majestuosa en mi cabeza.
Desde muy pequeña, la llegada de mi familia de Francia era una fiesta, eran momentos de afecto … era una playa, La Granadella.
Gracias por siempre tener un buen gesto para mi.
Siempre, siempre, te recordaré y te llevaré en mi corazón.
Nos vemos en el otro lado…. Donde haya mar seguro…
Te quiero tío.

C'est avec une grande tristesse que j'ai appris le décès de Mr René Sendra, en ces moments difficiles,je tiens à vous faire part de mes plus sincères condoléances.
Je partage votre peine et pense bien fort à vous. Nadia auxiliaire de vie auprès de Mr René Sendra .

Hay personas que dejan una huella tan profunda que, incluso en su ausencia, siguen haciendo sonreír. Tú eres una de ellas tío... Hoy te despedimos con el corazón encogido, pero también lleno de recuerdos que brillan con luz propia.

Porque cuando pienso en mi tío, me viene a la cabeza el olor a mar, la sensación en los pies de ponerme las aletas, la brisa en la cara al estar montada en la zodiac… Cuando pienso en mi tío se me escapa una sonrisa, pienso en positividad, en bromas, en gestos graciosos y risas… Cuando pienso en mi tío me vienen recuerdos de familia, de veranos inolvidables, de momentos mágicos… Cuando pienso en mi tío, se me llena el corazón de amor.

Gracias tío, por habernos enseñado a ser familia, por tomarte la vida con tanto humor, por estar siempre alegre, por ser tan positivo y llenar todo de luz.

Te nos vas físicamente, pero siempre vas a vivir, porque siempre vas a estar en nuestro recuerdo. En cada risa, en cada reunión familiar, en cada día de mar.

Hasta siempre, tío. Con todo nuestro amor.

Querido tío, gracias por todos los momentos compartidos con nosotros. Siempre nos ha llegado tú cariño, tú alegría y tus ganas de vivir.

Has sabido crear y disfrutar de los buenos momentos de la vida y esta es la enseñanza más importante que siempre nos quedará de ti.

Gracias por el tiempo que hemos compartido juntos.
Te mandamos un abrazo al cielo🤍

Félix
Maria José
Clara
Maria José pequeña